Comportement des papillons face aux conditions climatiques

Publié le par Zerynthia

Comportement des papillons face aux conditions climatiques

 

Samedi 29  juillet  2006

 

 

 

 

Profitant d’une météo qui doit âtre aujourd’hui plus clémente, je décide de poursuivre mes investigations au Col de la Lombarde. Notre première excursion qu’il y a quelques jours ayant été abrégée suite aux nuages qui vinrent troubler notre fête. Nous partons de Valberg de bonne heure, à 8 heures , sachant que nous avons pratiquement deux heures de route.

 

 

Prairies alpines et lac de haute montagne au sommet du Col de la Lombarde, juste après la frontière italienne

            Cette fois-ci, pas d’arrêt en cours de chemin, je vais droit au but : le sommet, mais coté italien. Des panneaux, en bord de route, nous informent que nous sommes dans une zone de protection de la faune et de la flore. Passant outre ces informations, je gravis les talus pour échapper à la vue des quelques automobilistes qui passent parfois sur la chaussée. La présence de bouses de vaches me rassure. Si c’est ainsi que l’on considère une zone de protection de la nature, je veux bien être moine !

Et cela se confirme ! Dans ses alpages pâturés, à la végétation rasée, il n’y a pas beaucoup de vie. A part une bande d’italiens braillant qui font de l’escalade au sommet d’une paroi un peu plus loin, pas un bruit, pas un mouvement ne troubles la quiétude des lieux. Près d’un lac, la végétation est un peu différente. Une zone humide traversée par un petit ru, offre une végétation plus dense composée de digitales, de renouées et de graminées hautes. Le versant ensoleillé qui la borde est plus fleuri : asters, renoncules et d’autres plantes alpines ont réussi à échapper aux dents avides des bovins. Ce petit havre de paix attire les papillons.

 

 

Je rencontre des candides qui se posent de fleurs en fleurs. Ils se cachent parfaitement dans la végétation et s’envolent rapidement à mon passage. Se laissant porter par le vent, ils parcourent plusieurs dizaines de mètres avant de se poser à nouveau. Il est alors bien difficile de repérer l’endroit où ils se cachent pour pouvoir les observer de près.

 

 

                                                       Boloria napaea

Il y a également des Nacrés des Renouées – Boloria napaea – de petite taille, au vol rapide qui sont rapidement difficiles à suivre du regard et se confondent donc, malgré leur couleur fauve, parmi leur environnement. Le seul moyen de les approcher est à la faveur d’un passage nuageux, lorsqu’ils se posent dans les graminées et qu’ils déploient leurs ailes pour capter la chaleur que les premiers rayons du soleil leur apporte.

 

 

J’aperçois également de rares Apollons – Parnassius apollo – qui ont un comportement un peu similaire aux candides. Leur taille et la coloration blanche de leurs ailes permet de les suivre sur de grandes distances. Mais une fois effrayés, s’aidant du vent, ils parcourent alors de grandes distances, se posant généralement dans un endroit caché, derrière une roche ou sur un versant opposé.

 

 

De la famille des Lycaenidae, je ne trouve que des Cuivrés écarlates - Palaeochrysophanus hippothoe qui se chauffent au soleil, posé sur les larges feuilles des gentianes, sur les feuilles étroites des renouées ou sur les frêles tiges des graminées.

 

 

J’apprends à composer avec les conditions climatiques.

 

 

Lorsque le soleil inonde les alpages, toutes ces petites créatures sont en pleine activités. Leurs déplacements trahissent leur présence. Ils deviennent des proies faciles pour mes observations lorsqu’elles se posent sur les fleurs pour butiner. Toutefois, leur vol rapide les emportent vivement jusqu’à une autre fleur où, posées, les ailes refermées les unes contre les autres, elles se dissimulent parfaitement dans leur environnement. D’autres papillons, préférant se poser sur le sol ou sur les roches bien exposés aux rayons solaires, demande une approche est beaucoup plus délicate.

 

 

Par contre, dés que les nuages apparaissent, privant les papillons de soleil, ces derniers volent encore pendant une courte période, sans tenir compte apparemment du changement, puis se mettent rapidement à la recherche d’un abri. Ils trouvent alors refuge dans les herbes hautes (Apollons, Nacrés, Cuivrés,…), dans les arbustes bas (Candides) ou à l’abri des roches.

 

 

Quand le soleil brille à nouveau, les lépidoptères cherchent à se réchauffer. Pour cela ils ouvrent leurs ailes face au soleil, pour capter son énergie, ce qui leur permettra de faire monter leur température nécessaire à leur activité. En étant donc dos au soleil, les papillons entrain de se réchauffer sont donc beaucoup plus faciles à détecter. En effet, la face la plus colorée des papillons est souvent la face supérieure qu’ils utilisent pour capter les rayons solaires Attention cependant à l’ombre projetée sur les insectes qui les fait réagir rapidement. En étant face au soleil, les papillons sont moins visibles.

 

 

Les conditions météo de ce milieu de journée, alternance de passages nuageux et larges éclaircies n’ont permis de vérifier ces observations à plusieurs reprises.

 

 

Toutefois, vers 15 heures, l’accumulation des nuages au sommet du col nous oblige à mener nos observations plus bas vers la vallée. Le soleil est ici encore largement présent. Des biotopes plus secs et plus arides nous attirent. Il s’agit d’anciennes terrasses qui furent jadis cultivées. Aujourd’hui les prairies ont pris le relais, certaines pâturées occasionnellement en début de saison.

 

 

Compte tenu des conditions arides de cet fin de mois de juillet, les seules espèces que l’on rencontre sont relativement communes : Demi-deuils principalement qui côtoient quelques vieux Apollon. Etrange mélange à cette altitude d’environ 1600 m. Il y a aussi d’autres papillons : grands Nacrés, moyens Nacrés, ….De nombreux criquets aux ailes bleus et d’autres tout aussi nombreux aux ailes rouges s’envolent à notre approche, tout au long de ce chemin sec.

 

 

Le Petit Nacré doit son nom aux nombreuses taches argentées situées sur le revers des ailes postérieures

Après une heure passée à observer les différents papillons que je rencontre, je m’aperçois d’une dominance des individus femelles qui sont en général en meilleur état de fraîcheur que les mâles. Certainement une conséquence des éclosions différée des individus du sexe féminin qui s’observe pour de nombreuses espèces.

 

 

Les nuages s’amoncèlent de plus en plus et projètent maintenant leur ombre sur notre terrain d’observation. Il faut nous résoudre à rentrer vers Valberg.

 

 

Pour une fois, nous allons pouvoir rentrer sans affronter les pluies d’orage qui ont été notre lot quotidien ces derniers temps.

 

 

 

 

 

Liste des papillons observés au Col de la Lombarde à 2300 m

 

 

Liste des papillons observés au Col de la Lombarde à 1600 m

 

 

 

 

 

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